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Posons les bases sur les risques psychosociaux

Au moment où j'écris ces lignes, nous sommes tout début mai 2020 et donc encore en plein confinement dû au Covid 19. Et cette pandémie fait que nos habitudes personnelles, mais aussi professionnelles ont complètement changé. Et pour beaucoup de personnes, ce changement d’habitude peut avoir des impacts sur la santé psychologique, mais aussi physique. Et comme cette période est encore plus favorable aux risques psychosociaux, je me suis dit qu’il faut qu’on en parle pour que vous puissiez comprendre ce que sont les risques psychosociaux, mais aussi savoir de quelle façon vous pouvez intervenir pour faire de la prévention.

Mais avant tout cela on va commencer par la définition des risques psychosociaux, car c’est très important pour moi qu’on parle tous de la même chose pour démarrer. Pour reprendre la définition de l’INRS, l’Institut National de la Recherche et de la Sécurité : les risques psychosociaux correspondent à des situations de travail où sont présents du stress, des violences internes comme le harcèlement moral ou sexuel ou encore des violences externes telles que des insultes et des menaces.

Alors il faut savoir que les risques psychosociaux apparaissent dans des entreprises où il y a des défaillances organisationnelles volontaires ou involontaires. Donc ça peut affecter, par exemple, des salariés qui ont peu de contrôle sur leur travail et leurs méthodes de travail ou encore des salariés qui ne participent pas à la prise de décisions qui les concernent directement. On peut aussi citer comme cause de ce type de risque, une plus grosse charge de travail, ’un manque d’autonomie ou encore une inadéquation avec les valeurs de l’entreprise. Ce n’est là que quelques exemples qui peuvent se traduire par un mal-être au travail, une souffrance mentale, mais aussi physique ou un sentiment d’épuisement professionnel.

Arrêtons-nous quelques minutes pour vraiment prendre le temps de comprendre ce que sont les risques psychosociaux. Car je sais à quel point les nuances peuvent être subtiles et que ce n’est pas toujours simple à comprendre. Alors, allons-y avec un exemple : imaginez-vous une fusée lorsqu’elle décolle il y a des risques qu’elle explose, mais c’est un danger éventuel ça ne veut pas dire que ça va arriver. L’explosion sera juste la manifestation d’un problème qui n’aura pas été traité ou même perçu en amont par les ingénieurs. Pour les risques psychosociaux c;est la même chose, le burn-out par exemple sera la manifestation d'un problème.

Le fait de dire qu’il y a un risque ne veut donc pas dire que tous les salariés vont être impactés par ce risque. Par exemple, une mauvaise organisation au travail va impacter certains salariés et pas d’autres. C’est donc très subtil tout ça, ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas important. C’est pourquoi il est essentiel pour un manager de récupérer le feed-back individuel. D’autant plus que ça ne se répercute pas de la même manière sur les individus, certains vont souffrir de pathologies liées au stress et d’autres vont aller au burn-out voir aller jusqu’au suicide. Ça a l’air d’un sombre portrait, mais dans les organisations ou les risques ne sont pas pris en compte ils peuvent avoir des effets désastreux sur la vie des salariés. Je suis persuadée qu’avec la bonne approche, les risques psychosociaux peuvent être évités, indépendamment de la taille ou du type d'entreprise. Mais avant cela, il faut accepter le fait qu’ils existent et pas juste les ignorer.

Les risques psychosociaux pourquoi en parler ?

Ces dernières années on entend beaucoup parler des risques psychosociaux et quand j’en parle autour de moi, souvent on me dit "Non mais Camille, pourquoi on devrait s’en occuper en entreprise, avant on n’en parlait pas et la d’un coup c’est un sujet à la mode et il faudrait que l’entreprise soit responsable de la santé mentale de ses salariés et puis les risques psychosociaux franchement on ne peut rien y faire !"

Cette réticence, cette démarche de dire c’est pas mon problème a moi en tant qu’employeur, je la comprends. Car il faut reconnaître que souvent on croit qu’on ne peut rien faire, car les risques psychosociaux peuvent être complexes à définir. D’ailleurs, très souvent les interlocuteurs qui me partagent leur interrogation ne savent pas réellement ce que sont les risques psychosociaux, ne voient pas l’impact qu’il soit humain ou financier que ça peut avoir sur l’entreprise.
J’ai même certains entrepreneurs ou gestionnaires qui me disent, mais Camille même si je fais de la prévention c’est pas mesurable ton truc, comment veux-tu que je sache si c’est utile ou pas et puis tu sais quoi je n’ai pas le temps.

Et c’est la que moi j’interviens, c’est à travers toutes ces questions là qu’il me semble essentiel d’intervenir, de faire de la prévention et de partager avec vous toutes ces informations pour que des drames soient évités, et des vies ne soient pas mises en danger. Avec cette dernière phrase , certains vont peut-être dire que j'exagère, mais je vous assure que tout le monde peut être un jour ou l’autre exposé aux risques psychosociaux au travail. Que ce soit par le stress, le harcèlement, les agressions au travail, etc. De plus, dans le contexte de pandémie que nous vivons, ces risques peuvent être exacerbés. C’est pourquoi et je sais que je me répète, mais il est important de se prémunir face aux risques psychosociaux, mais aussi de sensibiliser. Que vous soyez gestionnaire, salarié ou chef d’entreprise, vous pouvez sensibiliser sur ce sujet. Et sensibiliser ça commence par quoi ? En tant que responsable ça commence par ne pas se positionner en figure d'autorité, mais plutôt d’être a l’écoute.

Et en tant que salarié ça commence par le fait de de comprendre les faits qui motivent la réponse de son gestionnaire afin de faciliter le dialogue. Vous pouvez, par exemple, questionner votre gestionnaire sur ce qu’il connaît des avantages reliés à l’amélioration des conditions de travail.
D’ailleurs en parlant davantage, la gestion des risques psychosociaux permet un rendement financier par son impact positif sur la productivité et la sécurité, ce qui est important pour la pérennité de l’organisation. Lorsque la sécurité psychologique des employés est protégée, ceux-ci expriment une plus grande satisfaction à l'égard de leur emploi. Ils font preuve d'un meilleur esprit d'équipe et d'un meilleur rendement. En tout cas, sachez qu’adopter de bonnes pratiques en gestion de risques psychosociaux reflétera vos bonnes pratiques en gestion d’organisation, dans les formations et le développement des salariés, mais aussi sur votre marque employeur.

À l’inverse, ne pas prendre en compte ces risques peut engendrer un fort taux d’absentéisme, des dysfonctionnements internes, des départs de collaborateurs sans oublier d’autres conséquences sur le fonctionnement et les résultats de l’entreprise comme des retards, le mécontentement de clients, etc Et ceux, sans parler de l’image de l’entreprise qui peut s’en trouver dégradée.

Je travaille pour la France et pour le Canada et dans ces deux pays l’employeur a l’obligation de protéger la santé, la sécurité et l’intégrité des travailleurs. Mais je n’ai pas voulu que ce podcast vous présente les aspects légaux, de, ce que l’employeur est obligé de faire face à la loi. Car pour moi, juste appliquée une règle c’est facile, mais si on ne comprend pas l'intérêt de ce qu’on met en place, les accidents vont continuer. Bien que les employeurs aient la responsabilité légale de veiller à ce que les risques sur le lieu de travail soient correctement évalués et contrôlés, il est essentiel que les salariés soient également impliqués. Les travailleurs sont les mieux à même de comprendre les problèmes qui peuvent survenir sur leur lieu de travail. Leur participation permettra de garantir que les mesures mises en place sont à la fois appropriées et efficaces.

En résumé, prévenir les risques psychosociaux c’est avant tout mettre en place des modes d’organisations et des relations professionnelles qui protègent la santé et la sécurité des salariés.

Prévenir au mieux les risques psychosociaux

Vous l’aurez compris en tout cas je l'espère que se prémunir des risques psychosociaux est fortement recommandé, mais alors par où commencer ?

J’aimerais vous dire que petit 1 vous allez faire ça puis petit 2 cela et petit 3 ceci etc... Mais non je ne peux pas, car il n’y a pas de solution toute faite à ce problème, par contre je peux vous donner des pistes d’actions pour prévenir les risques psychosociaux et les éviter.

Alors d’abord, il est important d’établir un état des lieux de l’entreprise afin de mieux comprendre où vous en êtes sur la question des risques psychosociaux, mais aussi de repérer les acteurs qui peuvent vous aider dans cette démarche. Souvent on retrouvera les ressources humaines, la direction, la médecine du travail, certains salariés, les intervenants en risque professionnel, mais il est tout à fait possible d’élargir ce cercle, le but étant d’avoir une mobilisation suffisante de tous ces acteurs. L’essentiel étant de constituer un groupe de travail paritaire qui représente toute l’activité de l’entreprise afin de prendre compte les différentes perceptions des facteurs de risques.

Une fois ce groupe de travail constitué, il vous faudra commencer à évaluer les risques. Pour cela, vous pouvez par exemple demander aux salariés de répondre à un questionnaire anonyme et/ou utiliser une grille qui vous permettra d’identifier les facteurs de risque dans l’organisation. Vous pouvez trouver différents modèles sur lesquels vous appuyer.

Cette première partie vous permettra de repérer plus facilement les facteurs de risques psychosociaux qu’ils soient liés à la charge de travail des employés, au niveau des précisions des objectifs de travail ou encore aux difficultés de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, etc. En tout cas, quelque soit la méthode ou l’outil que vous choisirez, l'évaluation des risques doit réunir deux éléments pour permettre l'identification des facteurs de risque auxquels sont soumis les salariés :
les indicateurs liés au fonctionnement de l’entreprise donc ça peut être les indicateurs liés au turn-over, à l’absentéisme, etc. Ce sont les renseignements sur le contexte au travail.

Et en deuxième lieu, les indicateurs liés à la santé et la sécurité des salariés donc on va retrouver les plaintes pour violences verbales ou physiques, le nombre d’accidents du travail répertorié, etc. Les indicateurs sont souvent déjà disponibles dans l’entreprise, et ils vont vous permettre de déceler, en amont, les situations à risque. Cette étape permet d’établir un premier état des lieux et favorise l’adhésion des différentes parties prenantes au projet. C’est vraiment une étape importante, car ça permettra d’impulser une démarche de prévention efficace, mais aussi savoir sur quel facteur de risque travailler en priorité.

Avant de vous parler de la deuxième étape, il me semble important de vous partager le fait que cette méthode a ses limites, car elle ne permet pas de savoir en profondeur ce que vivent et ressentent les salariés. C;est pourquoi, il sera aussi important de mettre en place des entretiens ou des rencontres de groupes afin de récolter les informations plus qualitatives de ceux qui ont une bonne connaissance des enjeux du milieu, et une vision plus globale de la situation.

Une fois le diagnostic effectué, vous devez définir un périmètre sur lequel intervenir, voir si vous êtes en mesure de définir un calendrier de réalisation et connaître les moyens humains et budgétaires pour votre projet. Ce qui veut dire que maintenant vous savez ce qui est visé, comment, par qui donc qui sont les responsables du projet, quel sera le calendrier, vous connaissez les ressources qui vous seront nécessaires, quelles sont aussi les attentes que ça soit au niveau de la santé, mais aussi des bénéfices pour l’entreprise et enfin vous devez aussi savoir comment le ou les plans d’actions et ses effets seront évalués. Tout au long de cette démarche, n’oubliez pas de communiquer ! La communication vous permettra non seulement d’avoir des personnes qui restent mobilisées sur le sujet, mais en plus de créer ou renforcer un climat de confiance.

Et enfin le troisième niveau qu’on pourrait nommer : évaluer ses plans d’action. Pour que votre démarche soit complète, il est nécessaire d’évaluer ce qui a été fait pour notamment pouvoir faire des ajustements, mais aussi se rendre compte des améliorations qui ont été faites ! Le positif est aussi quelque chose à mettre en avant !

Ces 3 grandes étapes vous permettront de connaître l’ampleur des facteurs de risques présents dans l’entreprise, cette photographie qui sera propre à votre entreprise permettra d’avoir une vue d’ensemble, ce qui vous permettra de choisir la meilleure orientation à prendre en prévention. Et n’oubliez pas que, quelles que soient les méthodes de préventions que vous utiliserez, il y a certaines conditions qui doivent être présentes tout au long de votre démarche comme l’engagement de la direction pour mener à bien le projet, le respect des personnes et une communication régulière auprès des salariés. N’hésitez pas non plus à faire appel à une personne compétente et formée à ces risques, des intervenants en santé au travail pourraient grandement vous aider.

Et pour terminer, on va revenir un peu sur la pandémie. Comme je le disais au début, toutes nos habitudes personnelles et professionnelles ont complètement été chamboulées. Alors une des choses a faire alors je dis bien l’une des choses a faire, car je ne connais pas votre organisation donc il peut avoir plusieurs choses à mettre en place, mais en tout cas l’une d’entre elles qui peut limiter les risques psychosociaux en cette période de pandémie est de maintenir une communication claire. Il est essentiel de fournir un soutien aux salariés, qu’ils puissent savoir ce qu’ils doivent faire, être clair sur les résultats attendus. N’hésitez pas à transmettre la mission, la vision, le but de ce qui est attendu et de prendre le temps de leur parler s’ils ont besoin d’un temps pour échanger en privé avec vous. L'idée est de rétablir un cadre rassurant avec des objectifs clairs puisque dans la situation actuelle tout a été bouleversé.

Et une dernière chose importante à retenir, qu’importe, les formations que vous suivrez pour prévenir les risques psychosociaux, il n’y a pas de solutions miracles, chaque individu et entreprise est unique, une solution qui sera bonne pour un salarié ou une organisation ne le sera pas forcément pour une autre, il est donc important d’établir un diagnostic qui corresponde à votre situation. Ce que je vous ai énuméré jusqu'à maintenant est un point de départ à la prévention des risques. Alors je vous encourage vivement d’effectuer votre propre évaluation des risques psychosociaux et d'élaborer des directives appropriées à votre organisation.

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